dimanche 24 février 2013

Huit

AU MILIEU DE MA VIE, PEUT-ÊTRE À LA VEILLE DE...

Voilà quarante ans paraissait cette belle  chanson éponyme d'un disque de Pauline Julien, empreinte d'une certaine tristesse dans le regard sur le temps passé. C’était en 1973, à l’été, je crois. Bien qu’à peine dans la vingtaine, et donc encore à bonne distance du milieu de ma vie,je fus aussitôt séduit par ce beau récit de vie, et surtout marqué par le deuxième hémistiche et ses points de suspension ouverts sur une question, ou plutôt le constat de la condition humaine : ne sommes-nous pas tous, peu importe l’âge, constamment « à la veille de…» ?

En 1973 Pauline Julien était dans la quarantaine, j'entrais dans la vingtaine, âge où l’on se soucie généralement peu de la mort, laquelle est une affaire de vieux; aujourd’hui, elle n’est plus, sauf dans la mémoire de quelques uns, et je suis au seuil de la soixantaine, vieux en somme, et plus que jamais « à la veille de… »  dans la fragilité de l'instant qui passe.

Entretemps, les illusions peu à peu dissipées, de même que la foi un peu niaise de l'éducation religieuse de mon enfance,  le dieu, qu'on me disait bon, reprenant sa place au rang des autres mythes, j'apprendrai que le passé m'échappera toujours et que seul compte le présent, car, contrairement à ce que la chanson nous dit, elles ne sont jamais disparues ni envolées nos années vécues, pour peu que nous saisissions l'importance du carpe diem latin.

Et d'écouter, de temps à autre la voix de Pauline Julien toujours si présente.
Vous voilà devant moi
vous mes années vécues
envolées disparues
au plus profond de moi
et sur ma face même
inscrites ici et là
je vous trouve à la trace
du doigt et du regard
que suis-je devenu
que serai-je demain

au milieu de ma vie peut-être à la veille de...

De ma main entrouverte
j'offre et je cueille encore
il faudrait tout garder
et ne rien retenir
qu'en dites-vous amours
avez-vous un regard
qui puisse me séduire
m'offrez-vous des merveilles
que je ne sache pas
vous êtes si lointaines

au milieu de ma vie peut-être à la veille de...

il était une fois
aujourd'hui c'est de même
bruit de guerre bruit de mort
des jeunes gens en colère
qui meurent tout recommence
l'oppression et la peur
on marche dans les décombres
on se couche dans la boue
on rêve d'une maison

au milieu de ma vie peut-être à la veille de...

voilà qu'il faut en rire
tous ces pleurs et ces cris
les regards étonnés
les désespoirs du petit jour
tu l'auras oublié
le matin de tes noces
je m'en souviens toujours
je t'ai aimé, je t'aime
peut-être que je n't'aime plus
on le saura demain

au milieu de ma vie peut-être à la veille de...

et j'en peux dire encore
et j'en peux dire toujours
j'ai déjà trop parlé
plus rien ne s'ra pareil
j'opte pour le silence
pour la bataille sourde
les coups bien camouflés
pour la métamorphose
d'une seconde vie
ou qui sait pour l'oubli

au milieu de ma vie peut-être à la veille de...

dire et tenter de savoir
comment vivre et mourir

au milieu de ma vie peut-être à la veille de...

je m'endors et je rêve...


Paroles de Pauline Julien.
Musique de Gaston Brisson et Jacques Perron
© Éditions Nicolas.
Tous droits réservés.

Aucun commentaire: