mardi 9 avril 2013

Dix-neuf

.1 Retraite


Thomas est devenu vieux hier. Rien à voir avec son anniversaire de naissance. Sur le divan, à la séance de mercredi dernier, je crois. Il prit conscience de l’existence d’un avant, alors que, comme tout un chacun il tenait sa vie comme un droite ininterrompue sur le chemin du succès et de la réalisation de soi – l’un allant de pair avec l’autre, comme d’ores et déjà, et succès étant synonyme de bonheur – ce qui fit que tout à coup, il s’est senti vieux; à cinquante et quelques. La réalisation de cet avant, lui allongé – ah ! la beauté de la participiale à la latine – mit en relief l’irruption d’un après qu’il n’avait jamais, lors , envisagé. À la fois soudain et soudainement. Ici, Thomas,  assez méticuleux sur la grammaire et le bon usage, ferait bien une digression sur l’usage généralisé en Nouvelle-France du second pour le premier, notamment sur les ondes radio-canadiennes, et dans ce quotidien dont la devise fut « Fais ce que dois », mais qui ne fait que ce que peut. Et dans ce billet de Martin Nault, de l’hebdo Sentir, qui est au journalisme ce que le cracheur de feu est au cirque, prognathe et la patate en bouche, car il sévit également sur les ondes, enfonceur de portes ouvertes et girouette de la bien-pensance égotiste. En fait, toujours sur le divan, il se la fit, la digression, mais en fit grâce au bon docteur, doutant de la pertinence psychanalytique de celle-ci, du moins pour l’heure; y revenir sera toujours possible à une prochaine séance. Bref, Thomas devint vieux quand l’imminence de la retraite lui apparut sinon évidente, du moins inéluctable.


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