jeudi 6 juin 2013

Trente-cinq

.1 Racisme

Pierre FOGLIA, extrait de Deux arpents, même pas , La Presse, 3 juin 2013.

« RACISME - Je dis nègre. J'aime le mot, sa sonorité, sa musique, cette musique que fait entendre Aimé Césaire dans Cahier d'un retour au pays natal qui commence comme ça : "Va-t'en, gueule de flic, gueule de vache, va-t'en je déteste les larbins de l'ordre et les hannetons de l'espérance. Va-t'en mauvais gris-gris, punaise de moinillon".

Parlant de hannetons, c'est la saison et Charlie, mon imbécile de chat, en mange comme un con et finit par les vomir sur le tapis du salon en une grande flaque dégueulasse, jaunâtre et gluante où surnagent des bouts de carapace.

La bile qu'ont déversée et déversent les vertueux, les rigoureux, les bigots, les dévots, les curés de l'antiracisme sur cet humoriste qui a eu la maladresse de se barbouiller en nègre au gala des Olivier, et le fromage qu'on me fera, qu'on m'a fait cent fois parce que je défends la musicalité de nègre, c'est du vomi de hanneton. »
On peut à la lecture de ce texte de Foglia conclure, sans grande difficulté, qu'au Québec nous nous sommes beaucoup moins affranchi de la religion, et de ses églises, que nous nous plaisons à le croire : les oripeaux et le culte ont changé, la tartufferie demeure. Bientôt à bannir également le mot négritude -- bêtise faisant signe d'une constante santé ? À ce sujet, voici un extrait de la définition donnée par le Trésor de la Langue Française :
« On en vient à la négritude, terme dont le leader sénégalais reconnaît que la paternité en revient à M. Aimé Césaire, homme de lettres et leader politique martiniquais. "La négritude, ce n'est pas du racisme, dit M. Senghor, mais c'est l'ensemble des vertus du monde noir, des qualités de la civilisation négro-africaine..." » (Les Questions fr., 21 déc. 1966, p.6, col. 5)

« ... ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'oeil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience. »
Aimé CÉSAIRE, Cahier d'un retour au pays natal danss Aimé Césaire, Paris, Seghers, 1979 [1956], p.105.

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